Hurt [ Tenedor ]

L'inconvénient lorsque l'on s'installait sur un territoire déjà occupé par un dragon, à plus forte raison si ce dragon était particulièrement belliqueux et égoïste, c'était que l'on risquait d'avoir à s'y frotter un jour ou l'autre. C'était ce qui venait d'arriver à Elros, comme en témoignait son aile abîmée : Il avait refusé de se soumettre à son ennemi en acceptant de partir, aussi, un court combat les avait opposé. Cela avait été un match nul, car au moment où la puissante mâchoire d'Azrael s'était refermée sur ses écailles, il lui avait envoyé un choc mental qui l'avait sonné pour plusieurs bonnes minutes, l'occasion pour lui de battre en retraite. Il n'était pas un lâche, mais il considérait que perdre son temps avec une créature qui méritait si peu l'estime que les Hommes lui portaient était inutile... Il avait volé pendant une bonne heure afin d'être sûr que le grand reptile noir ne l'avait pas suivit, avant de s'apercevoir qu'il survolait une montagne, dont le sommet était enneigé. La présence de cet élément était une aubaine pour lui, car il lui permettrait d'atténuer sa douleur le temps que la plaie se referme.

Une fois posé, il avait inspiré un bon coup, avant de se laisser tomber sur le flanc, précautionneusement. La glace fondait très vite sous lui, si bien qu'il devait régulièrement changer de position, et le point le plus sensible de la morsure qu'on lui avait infligée lui était difficilement accessible. Contrarié, il avait laissé échapper un grondement de colère, avant d'hésiter à reprendre forme humaine. Il ne pourrait pas y demeurer très longtemps à cause du vent glacial qui soufflait sur les lieux, mais au moins, cela lui permettrait d'atteindre la partie la plus profonde de sa blessure... Il était encore plongé dans ses réflexions au moment où il s'était aperçu qu'il n'était plus seul : Un bipède approchait à grands pas, et il n'avait plus le temps de cacher les traces de sa présence. Son sang avait souillé le sol à plusieurs endroits, et il n'avait aucune envie de décoller à nouveau pour échapper à un curieux.

Il ne devait pas avoir l'air particulièrement aimable quand son regard perçant avait croisé celui de l'inconnu, et la nuit qui était tombée sur le Royaume de Camelot ne faisait que le rendre plus imposant encore. Ses babines s'étaient retroussées sur une rangée de dents plus tranchantes que des rasoirs, comme pour lui intimer l'ordre de ne pas approcher, mais il était resté à sa place. Si l'importun se montrait raisonnable, aucun mal ne lui serait fait...

La nuit commencé à faire preuve de sa présence, le soleil partant dans les abîmes, les étoiles percement le ciel, formant la Voie Lactée. Le vent soufflé peu, mais en haut des montagnes c'était une tempête à proprement dit qui faisait rage depuis quelque heures. Les neiges éternelles, pas si éternelles que ça d'ailleurs, s'envolaient telles des feuilles de chênes. Il faisait froid, mais cela, n'était qu'une question de minute avant que tout cela ce calme. C'était le souvenir que je gardais, moi, Tenedor, l'homme agissant dans l'ombre, imperturbable, calme, discret, silencieux mais surtout d'une importante solitude. Oui, je suis l'homme à l'aigle, ou par ailleurs l'homme qui aime la liberté et aide quiconque voudrait la garder, la posséder, la reconquérir. C'est pour cela que je les aides, eux, ces gens mystérieux, pouvant devenir de magnifiques créatures des légendes, créant des flammes au creux de leur mains ou guérissant chaque blessures, chaque maux de têtes.

Pourtant, c'est temps si, l'étau qu'Uther à mis en place depuis la mort de sa belle, de sa dame, de celle qui mourut pour laisser un héritage à Camelot, se resserrait, trop, bien trop. Même les gens du peuple, les plus pauvres n'osait plus venir faire réclamation à leur roi. Ils avaient bien trop peur. Pour moi, cela fait bien longtemps que je ne fais que surveiller mes arrières et pas, à proprement dit, ma vie de tout les jours dans le royaume de la famille Pendragon. J'observe, j'anticipe, j'attaque... Je ne fais que ça depuis des lustres, depuis qu'elle est partie.

Vêtus d'une toile de lin, d'un pardessus de cuir noir, où ma musculature ce révélait, un cuissard tout aussi serrait, une ceinture, et des chaussures me permettant de longues marches, j'avançais, mes deux épées et mes dagues dans le dos, vers le bosquet le plus haut que je puisse accéder à cheval...

J'étais loin de là à m'imaginer ce que je voyais en ce moment. Un dragon ? Rien que ça ? Et apparemment Môsieur n'était pas d'humeur discutable. J'arrêtais Graz aux abord du bosquets et descendis. Avançant dans une direction opposé à celles ou se trouver le Dragon. Je m'assis, et mon aigle, Spectral fit son entrée dans un cris resplendissant, remplit de nature sauvage, et ce pausa, sur mon épaule droite. Je bus quelque gorgée de la gourde que j'avais instinctivement pris avec moi en descendant de ma monture.

Et puis comme si c'était normal... J'entonnais d'une voix calme, peut être trop calme :

« Franchement, ne préfèrerais-tu pas que je t'aide, en te soignant, que de feuler et gronder pour m'ordonner de partir ? »

Le plus souvent quand j'ouvrais ma bouche c'était pour dire le fin fond du monde de ma pensée... Et là c'était vraiment le cas !

Le nouvel arrivant ne manquait pas de toupet : c'était le second marginal qui se promenait avec des animaux qu'Elros rencontrait, et il s'était adressé à lui comme s'il avait s'agit d'un vulgaire valet... humain.

Tenedor : Franchement, ne préfèrerais-tu pas que je t'aide, en te soignant, que de feuler et gronder pour m'ordonner de partir ?

Le dragon s'était approché de son interlocuteur, qu'il avait toisé en balançant sa queue de gauche à droite. Son visage était recouvert de cicatrices, ce qu'il lui laissait penser qu'il ne manquait pas de courage, mais comme il était de mauvaise humeur, il avait voulu l'éprouver. Sans crier gare, il avait déposé l'une de ses énormes pattes sur sa jambe pour l'immobiliser, sans toutefois sortir ses griffes, avant d'approcher sa gueule de son torse :

- Qui es tu pour me parler sur ce ton ?

C'était vexant, vraiment. N'était-il pas une créature de légende, qui se devait d'être crainte et admirée ? A force d'être trop bon avec les Hommes, ne risquait-il pas d'être confondu avec une vulgaire bête que l'on pouvait apprivoiser à loisir ?

Que faisait donc l'inconnu à une telle altitude, aussi loin des villages humains, et sans aucune escorte ? Était-il l'un de ces rebelles qui fuyaient Camelot pour échapper à la mort ? S'il avait été un mage, le grand reptile l'aurait sans doute senti, mais quel intérêt avait le Roi à s'en prendre à des citoyens dénués de pouvoirs magiques ?

« Ce ton dis-tu ? Je suis peut être qu'humain, mais qui à le plus de droit ? Je peux parler comme je le souhaite, à qui je veux, que tu sois un Dragon ou un Humain, un Animal ou un Arbre ! Alors ne monte pas sur tes grands chevaux ! »

« Je suppose qu'il va falloir que je donne mon nom pour que tu enlève ta fichus patte de ma jambes... »

« Je m'appelle Tenedor Winog, je suis un Hongreur du Royaume de Camelot,

Bien que je ne me considère plus comme tel... »

Tenedor : Ce ton dis-tu ? Je suis peut être qu'humain, mais qui a le plus de droits ? Je peux parler comme je le souhaite, à qui je veux, que tu sois un Dragon ou un Humain, un Animal ou un Arbre ! Alors ne monte pas sur tes grands chevaux !

Quelle insolence ! Elros n'avait pas l'habitude qu'on lui tienne tête, enfin, c'était vraiment le cas avant qu'il fasse la connaissance d'Izilhwën, la valeureuse guerrière Picte, mais à bien y réfléchir, cela ne lui déplaisait pas. Enfin, dans une certaine mesure !

Tenedor : Je suppose qu'il va falloir que je donne mon nom pour que tu enlève ta fichu patte de ma jambe...

Effectivement. Il avait acquiescé d'un petit signe de la tête, et obtenu une réponse rapidement.

Tenedor : Je m'appelle Tenedor Winog, je suis un Hongreur du Royaume de Camelot, bien que je ne me considère plus comme tel...

Il exerçait un drôle de métier, mais il avait prouvé sa bravoure : Ni sa voix, ni son corps n'avaient tremblé au moment où il avait fait mine de l'attaquer. Il avait su rester droit et fier face au danger, et cela était une qualité appréciable. Le dragon Lune avait retiré sa patte massive de sur lui, avant de reculer de quelques pas, et de laisser échapper un petit rire draconique qui n'avait rien de moqueur.

- Eh bien Tenedor, je dois dire que tu ne manques pas de cran.

Il s'était interrompu durant un court instant, avant de reprendre :

- Tes semblables ont coutume de m'appeler le dragon Lune, je suppose que tu comprendras vite pourquoi. Qu'est ce qui t'amènes dans un lieu aussi inhospitalier ? Fuyais tu Camelot ?

En attendant une réponse, il s'était assis, dignement, appréciant la fraîcheur du vent sur sa blessure...

Et quand il se retira enfin, je me sentis irrémédiablement léger. C'est vrai quoi ? Qui pourrait apprécier d'être écraser de justesse par un dragon, aussi lourd, que celui qui se présenter à mes yeux, à cinq mètres de moi ? Maintenant libérer, je me redressais, m'époussetant de la poussière accumulé durant ces quelques minutes. J'entendis distinctement le dragon, ce reptile géant, rire, mais l'on sentais que dans celui-ci, qu'il n'y avait sans aucun doute, aucune moquerie. J'haussais un sourcil, remplis plus d'incompréhension que d'un doute sur ma propre réflexion. Et puis la voix rauque de la créature se fit entendre dans le calme doux que le vent troublé peu à peu :

Elros : Eh bien Tenedor, je dois dire que tu ne manques pas de cran.

Devais-je être flatter ? Je restais méfiant, sur une défensif absolue, je ne suis qu'après tout qu'un humain face à un dragon, plus lourd et plus puissant que moi, je me devais d'avoir ce comportement, et ne surtout pas resté naïf. Il repris la voix, le vent commençons à s'apaiser pour quelque minutes :

Elros : Tes semblables ont coutume de m'appeler le dragon Lune, je suppose que tu comprendras vite pourquoi. Qu'est ce qui t'amènes dans un lieu aussi inhospitalier ? Fuyais tu Camelot ?

Le dragon Lune ? Il portait bien son nom à vrai dire. Lorsque je perçus ces questions mon visage devint subitement plus calme, moins méfiant... Mes pensées étaient dans un réflexion accélérer. Que pouvais-je lui répondre sans lui dire le fond de la vérité ? Le verait-il ? Le Dragon s'était assis, aussi muet qu'une tombe et calme qu'une feuille en attendant patiemment ma réponse, mes réponses...

« Et bien, commençais je, Je ne fuis pas Camelot, du moins pas encore... »

Je me tu quelques instants avant de reprendre :

« Ce qui m'amène dans ce lieu si peu familier aux humains, et dut au fait que je viens m'y reposer, je viens faire le vide dans ma tête pour éviter d'avoir un excès de colère, de faire une bêtise qui pourrait me coûter la vie. Je me prépare mentalement à partir, à peser le pour et le contre dans ce choix... Voilà... »

Ma voix était sereine, sage. Je m'étais assis, de sorte à avoir mon côté droit face à au Dragon, l'autre, au paysage s'étendant depuis ce sommet de montagne.

« Mais toi, comment t'est tu blesser aussi violemment ? Est tu sur que tu ne veux pas que je t'aide ? »

Mon regard montrait une confiance, un sentiment profond qui montrait mon savoir dans ce que je pourrais faire. Maintenant, il faudrait que cette créature accepte l'aide qu'on lui proposait... Tache qui n'était pas gagner...