Nobody Move, Nobody Get Hurt [ Elros]

Izilhwën, emmitouflée dans une grande cape, le capuchon rabaissé sur la tête marchait à bonne allure, en jetant des coups d'œil furtifs tout autour d'elle. Et même si son attitude était suspecte, elle s'en moquait, tout ce qui lui importait, c'était de quitter ces lieux au plus vite. Car elle se trouvait dans les ruelles de Camelot. Elle y était venue pour essayer de voir Sven mais elle avait échoué. Elle s'empressait donc de rentrer chez elle, car bien évidemment les pictes n'avaient pas leur place dans la ville. Au contraire.
Elle dépassa la taverne sans s'arrêter et se retrouva ainsi dans les petites ruelles les moins habitées. Même si elle savait se battre, elle ne se sentait pas du tout rassuré. Elle accéléra le pas davantage, si cela était possible. Mais au bout de quelques mètres, elle dût se rendre à l'évidence. Elle n'était pas seule. Elle sentait comme une présence toute proche mais n'arrivait pas à en déterminer la nature et l'emplacement.
Pourtant, il n'y avait personne derrière elle... Elle ralentit le pas et continua son chemin aux aguets. Mais elle n'alla pas bien loin. Car se tenait en face d'elle une silhouette des plus imposante. Elle n'avait donc pas rêver. Elle vérifia la présence de son poignard sur elle puis s'avança, essayant de faire preuve de la plus grande assurance possible. Elle vit ainsi que c'était un homme... elle se rapprocha encore et faillit rire d'elle même. Car dès l'instant où elle avait vu une mèche de cheveux roux, elle avait reconnu son ami Elros. Enfin, elle savait pas si elle pouvait le qualifier d'ami mais elle aimait sa compagnie. Elle aimait aussi son attitude fière et aimait toujours ses récits liés à sa grande expérience.
Mais aussitôt que cette pensée la traversa, elle la chassa et le trouble saisit son cœur. Elle avait aimé tout cela. D'ordinaire, elle aurait été heureuse de le croiser et de converser avec lui. Elle lui aurait même demandé de quitter Camelot avec elle. Mais depuis quelques temps, le doute et la méfiance avaient envahit son esprit. Maintenant, elle ne savait plus trop quoi penser de l'être qui se tenait en face d'elle. Elle n'était même plus sûre de le connaître. D'ordinaire, elle aurait été heureuse de le croiser et de converser avec lui. Elle était bien trop orgueilleuse pour le questionner au sujet de ce qui la troublait mais elle était aussi assez sensible ne pas vouloir s'attarder en sa compagnie.
C'est pourquoi, que lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle se contenta d'un bref salut :

- Elros

Elle lui fit un signe de la tête et continua son chemin. Elle savait qu'on ne traitait pas ses amis ainsi, qu'il allait sans doute en être offensé et qu'elle aurait dû lui parler mais elle ne s'en sentait pas la force. Elle l'affronterait sûrement un jour, mais elle considérait que ce soir était bien trop tôt. Elle risquerait de se mettre en colère et mieux ne valait pas provoquer d'esclandre alors que ni elle ni Elros n'était la bienvenue en ces lieux.

Camelot était une ville immense, mais cela n'empêchait pas ses habitants de jeter des regards inquisiteurs aux inconnus qui y pénétraient. Ce n'était pas la première fois qu'Elros s'y aventurait, mais comme toujours, il avait la désagréable impression que tout le monde l'avait à l'œil. Les humains faisaient preuve d'une incroyable stupidité à l'heure actuelle, en bannissant toute forme de magie hors de leurs murs : Il s'agissait d'une puissance inouïe, qu'ils auraient pu utiliser de mille façons différentes afin d'améliorer leur quotidien. Au lieu de cela, ils semblaient préférer mourir de maladies bénignes et laisser leurs estomacs crier famine, ce qui était difficilement compréhensible. Enfin ! Il marchait en direction de la sortie, posément, quand un mouvement furtif avait attiré son attention. En humant discrètement l'air, il avait reconnu l'odeur d'Izilhwën, jeune guerrière Picte qu'il avait appris à apprécier, aussi, un sourire s'était affiché sur ses lèvres. Il commençait à savoir synchroniser ses émotions avec des gestes adéquats, et c'était en partie grâce à elle. L'observation de son comportement l'aidait beaucoup à comprendre comment fonctionnaient les humains, du moins, c'était ce qu'il pensait avant ce jour... Étonné qu'elle prenne encore une fois le risque de se promener en territoire ennemi, seule de surcroît, il l'avait suivit pendant plusieurs minutes, sans dire un mot. Il l'avait vu porter la main à son poignard au moment où ils s'étaient retrouvés face à face, mais il n'avait pas cillé. A supposer qu'elle réalise trop tard qu'il n'était pas un danger pour elle, ses réflexes lui permettraient d'éviter d'être blessé.

Comme il s'y était attendu, la jeune femme s'était calmée en le reconnaissant. Amusé par son expression, il allait la saluer, mais elle l'avait distancé :

Izilhwën : Elros.

Abasourdi, le dragon l'avait regardé s'éloigner après lui avoir adressé un bref signe de tête. Et c'était tout ?! Il avait pensé qu'elle l'inviterait à reprendre la route en sa compagnie, mais visiblement, elle avait d'autres projets... Avait-il dit ou fait quelque chose de mal ? Il avait eu beau chercher, rien ne lui venait à l'esprit. Peut-être n'avait-elle pas apprécié qu'il la surprenne alors qu'elle était sur ses gardes ? Il devait en avoir le cœur net... En quelques enjambées, il avait rejoint son interlocutrice, qu'il avait attrapé par le bras pour l'arrêter :

- Quelque chose ne va pas ?

Il serait absurde qu'elle refuse de lui parler sans une raison valable ! Pourtant, il n'avait obtenu aucune réponse à sa question...Elle qui était si friande de ses histoires d'habitude, si agréable ! Que lui avait-on fait pour qu'elle change à ce point ? Elle ne pouvait pas avoir oublié leurs récentes discussions, alors pourquoi l'ignorait-elle ?

Tandis qu'elle s'enfuyait, car c'était le mot, Izilhwën se sentait coupable. Elle n'avait pu s'empêcher de remarquer le sourire réjoui d'Elros quand il l'avait reconnu, et il en était de même pour le dépit qui avait fait disparaître ce sourire quand elle l'avait littéralement fuit. Mais la jeune impolie n'eut pas l'occasion d'aller très loin. Elle fut immobilisée par une force implacable. Elros lui avait attrapé le bras fermement. Izzi, même s'il savait qu'elle avait affaire à un puissant dragon, fut surprise d'une telle poigne. Après tout, il était seulement sous forme humaine. Elle se retourna lentement se préparant à affronter ce dont elle se croyait incapable quelques secondes plus tôt.
Toute joie avait déserté le visage de son vis à vis et il affichait une expression déterminée qui fit comprendre à la jeune femme qu'elle n'avait aucune chance d'échapper à la discussion. De toute façon, elle n'aimait pas fuir. Il lui demanda calmement si quelque chose n'allait pas. Izzi baissa la tête, troublée, elle ne savait pas vraiment par où commencer. Et surtout, elle ne savait pas si elle allait réussir à commencer. Mais elle savait que son silence exaspérait. La preuve, il l'exaspérait elle même. Et prise dans son irritation ou dans son entêtement, c'était difficile de déterminer quel sentiment prédominait, elle prit le pauvre Elros de haut :

- On dirait que c'est toi qui provoque les problèmes, répondit elle en fixant son bras que le dragon enserrait.

Il eut un fort moment de tension ou chacun regarda l'autre dans les yeux. Izzi essayait vraiment d'être en colère contre Elros mais l'incompréhension dans ses yeux lui rendait la tâche difficile. Et même, s'il avait de bonnes raisons de fuir son amitié à présent, elle pouvait au moins tenter quelques explications au nom des bons moments qu'ils avaient passés ensemble.
Elle baissa les yeux une nouvelle fois. Elle sentit même une certaine chaleur au niveau de ses joues. La gravité et la forte impression que le dragon lui faisait, transformait la fière guerrière picte en petite fille rougissante. Car elle devait se l'avouer, son attitude était digne d'un enfant. Elle articula difficilement :

- Elros … en dépit de ce que nous avons … partagé …

Elle se retint de pester. Pourquoi n'arrivait t-elle pas à formuler ce qu'elle pensait ? La réponse était simple : Azrael avait semé un grand doute dans son esprit, et elle ne savait même plus si elle devait accorder une quelconque validité à ses jugements. Il lui avait conté des choses, des choses qu'elle avait eu peine à croire mais qu'elle avait du admettre bien malgré elle. Elle inspira et murmura, à une certaine vitesse :

- J'ai de bonnes raisons de penser que nos relations n'ont pas été sincères … et sans doutes intéressées.

Elle releva les yeux. Elle, qui avait toujours connu Elros souriant, eut un petit choc. Sa mine indéchiffrable était quelque peu effrayante surtout dans le contexte actuel. Elle se rappela d'eux lorsqu'ils s'étaient rendus aux chutes de Valinor. Ils étaient si heureux ! Elle avait tant appris de lui que la situation lui semblait irréelle. Pourtant ce temps était révolu, toutes ses choses lui avaient été révélées et elle devait les accepter comme elle devait accepter la désintégration de leur amitié.

Izilhwën : On dirait que c'est toi qui provoque les problèmes.

La confrontation visuelle qui avait fait suite à cette phrase avait été intense. La jeune femme semblait avoir de bonnes raisons d'être en colère contre lui, mais ces raisons lui échappaient totalement. Il avait desserré ses doigts d'autour de son bras, craignant de lui faire mal, mais il ne l'avait pas complètement lâchée pour autant. Il avait besoin de savoir ce qu'elle lui reprochait, et quels étaient les problèmes dont elle lui parlait : son peuple lui avait-il interdit de le fréquenter, alors qu'il s'était toujours montré amical et respectueux avec ses membres ? Izilhwën était mal à l'aise. Ses joues rougissaient, et ses yeux étaient rivés vers le sol, comme si elle doutait elle même de son jugement. Étrange...

Izilhwën : Elros … en dépit de ce que nous avons … partagé … J'ai de bonnes raisons de penser que nos relations n'ont pas été sincères … et sans doutes intéressées.

Le dragon était resté muet. De tous les bipèdes qu'il avait eu l'occasion de rencontrer au cours de sa longue existence, son interlocutrice était celle à laquelle il s'était le plus confié. Il lui avait raconté bon nombre de légendes, convaincu de lui faire plaisir, l'avait laissé effleurer ses écailles, mais visiblement, cela n'avait pas suffit...

- Je te demande pardon ?

Que lui aurait-il fallu de plus ? Des cadeaux, plus de flatteries, moins de présence ? Elle n'était ni reine, ni noble, aussi, elle ne possédait pour ainsi dire aucun bien matériel. Par quoi aurait-il pu être intéressé dans ce cas ? Il avait toute la puissance dont il pouvait rêver, et son comportement n'avait jamais été déplacé. De toutes façons, même s'il l'avait voulu, il n'aurait su ni quoi dire, ni quoi faire pour essayer de la séduire. Alors quoi ?!

- J'ai répondu à toutes les questions que tu as pu me poser en m'efforçant d'être le plus honnête possible, et j'estime avoir fait preuve de loyauté : qu'est ce qu'il te faut de plus ?

Il ne comprenait plus celle qu'il avait considéré comme une amie. Elle venait de faire naître en lui un sentiment qu'il avait encore rarement ressenti par le passé, et qui ne ressemblait guère à ceux qu'elle avait l'habitude d'engendrer : la déception. Cet état mélangeait la tristesse et la colère, ce qui le rendait relativement douloureux, et qui empêchait le reptile de savoir quelle attitude adopter. Puisqu'il était innocent, et qu'il ignorait de quoi on l'accusait, il ne pouvait pas lui présenter d'excuses, mais se mettre en colère contre elle immédiatement lui semblait être une réaction démesurée. Que faire alors ? Attendre des explications plus poussées, il ne voyait que cela...

Il était de notoriété générale que les mots et les discussions avaient le pouvoir d'arranger toute situation épineuse. Izilhwën qui avait toujours préféré l'action aux bavardages, avait commencé à se ranger à cet avis quand Elros avait relâché la pression autour de son bras peu à peu. Puis elle avait articulées ses deux pitoyables phrases et la trêve qui semblait s'être établie avait pris fin aussi vite qu'elle était apparue. Izzi n'en fut pas surprise, car il était clair dans son esprit que ses deux petites phrases plutôt énigmatiques ne résoudraient rien. Et pire, elles semblaient avoir attisée la colère du dragon. Pourtant, malgré sa fureur apparente, il faisait des efforts apparents pour la contenir. La jeune femme n'en était que plus confuse, car elle commençait à se sentir ridicule face à temps de maîtrise de soi. Elros finit par répondre, d'une voix froide :

- Je te demande pardon ?

Izzi s'apprêtait à reformuler plus clairement, bien qu'elle se doutait que cette question résultait plus de l'incrédulité que de l'incompréhension. Mais avant qu'elle n'ait pu être plus explicite, Elros enchaîna :

- J'ai répondu à toutes les questions que tu as pu me poser en m'efforçant d'être le plus honnête possible, et j'estime avoir fait preuve de loyauté : qu'est ce qu'il te faut de plus ?

Cette fois, il n'y avait plus aucun doute. Elros ne feignait pas, il cherchait vraiment ce qu'il avait pu faire. Peut être qu'il ne se rendait pas compte que les choses que Izzi avait à lui reprocher étaient mal ? Le meilleur moyen de trouver la réponse à cette question étant de tout dire de manière franche. Sans détours, cette fois.

- Le problème ne vient pas de la quantité de choses que tu me donnes... Un ami de la tribu m'a raconté ton histoire dans son intégralité. Elros ! Tu oses prétendre que nous sommes de loyaux amis alors que tu as juré a fin de la tribu picte ?

La plus grave accusation étant formulée, Izzi se sentit un peu mieux. Mais pas beaucoup mieux. Car elle avait l'impression qu'elle était en train de détruire quelque chose entre eux, quelque chose de beau et profond. C'est pourquoi, elle continua, mais d'une voix un peu plus éraillée et certainement les yeux un peu brillants :

- Pendant tout ce temps, je n'ai été que l'instrument de ta futur vengeance contre ma tribu...

Elle se tut, elle était en train de trop s'exposer. Elros ne devait pas savoir qu'elle avait ce manque de confiance permanent en elle. La mort de ses parents, la chasse menée contre sa tribu, tout cela lui apprenait à se méfier de tout le monde, à ne pas se dévoiler. Et puis, elle avait du mal à concevoir qu'elle puisse intéresser quelqu'un avec ses manières si particulières. Mais elle avait aimé l'idée qu'elle s'était fait un véritable ami en la personne d'Elros. C'est pourquoi découvrir qu'il l'avait utilisé la peinait beaucoup.
Cependant, elle avait au fond d'elle l'espoir secret que le reptile allait trouver une explication valable à tout ce que l'on pouvait lui reprocher. Car il fallait l'avouer, elle n'était pas prête à l'oublier et à le mépriser aussi vite.

Izilhwën : Le problème ne vient pas de la quantité de choses que tu me donnes... Un ami de la tribu m'a raconté ton histoire dans son intégralité. Elros ! Tu oses prétendre que nous sommes de loyaux amis alors que tu as juré la fin de la tribu picte ?

Juré la fin de la tribu picte ? Alors ça, c'était la meilleure !

Izilhwën : Pendant tout ce temps, je n'ai été que l'instrument de ta future vengeance contre ma tribu...

Elros était attristé, voir même carrément offensé que son interlocutrice ait pu croire quelqu'un qui ne le connaissait aucunement pour ne jamais l'avoir fréquenté au cours de sa vie lorsqu'il lui avait raconté de pareilles sornettes. Il avait pensé qu'elle tenait suffisamment à lui et à leur amitié pour prendre la peine de chercher des preuves qui confirmeraient ce qu'elle avait entendu, mais de toute évidence, elle préférait se fier entièrement à son mystérieux informateur...

- Ah oui ? Et puis-je savoir qui est cet " ami " ? J'aimerai beaucoup lui demander pour quelle raison j'en voudrais aux tiens !

Il s'était interrompu, avant de reprendre, froidement :

- Je suis déçu que tu manques à ce point de jugement. Tu ferais mieux d'examiner d'un peu plus près les gens de ton entourage avant d'accuser les autres de te manipuler !

Car de toute évidence, quelqu'un cherchait à l'éloigner de lui, et il avait réussi son coup. S'il avait voulu décimer le peuple picte, il n'aurait pas eu besoin de perdre son temps à sympathiser avec l'une de leurs membres. Il se serait contenté de l'amener à lui dire où se cachaient ses compagnons d'arme, et il aurait frappé. Rapide, efficace, qu'auraient-ils bien pu faire contre l'attaque surprise d'un dragon en colère de toutes façons ?

- Sur ce, le monstre fourbe que je suis va disparaître. Je ne voudrais pas prendre le risque de t'assassiner sauvagement dans un élan de folie !

Ses yeux s'étaient mis à scintiller faiblement au moment où il avait prononcé ces derniers mots, alors que des écailles repoussaient sur ses avant bras. Quand il perdait le contrôle de ses nerfs, il était fréquent qu'il reprenne sa forme originelle, même partiellement comme c'était le cas dans la situation actuelle...

Depuis le début de leur entrevue, la colère d'Elros allait crescendo. Izzi avait désormais l'impression que chaque phrase qu'elle allait prononcer était comparable à une prise de risque. Mais maintenant qu'elle réussissait à formuler ses reproches, elle n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. Elle voulait tirer tout ça au clair, mettre au plus vite derrière elle cette fâcheuse histoire, qui, il fallait l'avouer l'empêchait de trouver le sommeil rapidement. Et puis, Elros avait laissé tombé toute incrédulité, au profit d'une froide condescendance, avec un soupçon de mépris, qui rendaient les choses pires qu'auparavant.

- Ah oui ? Et puis-je savoir qui est cet " ami " ? J'aimerai beaucoup lui demander pour quelle raison j'en voudrais aux tiens !

Feignait-il encore ? Car si c'était le cas, il était vraiment vraiment très doué.

- Je suis déçu que tu manques à ce point de jugement. Tu ferais mieux d'examiner d'un peu plus près les gens de ton entourage avant d'accuser les autres de te manipuler !

Pourquoi ne la laissait-il pas parler ? Car elle avait des preuves de ce qu'elle avançait, à son grand désespoir.

- Sur ce, le monstre fourbe que je suis va disparaître. Je ne voudrais pas prendre le risque de t'assassiner sauvagement dans un élan de folie !

L'ironie qu'il mettait dans ses paroles agaça profondément la jeune picte. Il lui avait demandé ce qu'elle avait et elle avait répondu. Ce n'était pas la peine de la prendre de si haut. Mais alors qu'elle allait vertement répliquer, un phénomène des plus inquiétant se produisit tout à coup. Des écailles poussaient à une vitesse alarmante sur le bras du dragon et ses yeux prenaient une teinte des plus étranges. Il était en train de se transformer. Il essaya de s'en aller. Cette fois, ce fut Izzi qui le retint par le bras – sans écaille - . Malheureusement, elle n'avait pas la force du jeune homme car il se détacha sans mal.
Elle choisit donc la seule option qui s'offrait à elle. Elle se planta devant lui, l'obligeant à s'arrêter. Elle devait le calmer, car s'il se transformait, il y aurait de fortes possibilités qu'ils soient découverts, et pour tout deux, cela signifiait la mort.

- Elros stop ! Arrêtes toi et laisse moi m'expliquer …

Elle s'avança pour bien lui montrer qu'elle n'avait pas peur, ou du moins pour lui faire croire que ce n'était pas le cas. Elle posa sa main sur son bras, celui avec les écailles, cette fois et murmura :

- Je t'en supplie.

Il parut se calmer un peu et Izzi en profita pour expliquer d'une voix rapide mais posée la situation en quelques phrases.

- Il y cet autre dragon qui est lié à la tribu... Je ne suis pas aussi proche de lui que toi mais je discute avec lui parfois... Il y a quelques semaines, quand il a su que j'étais proche de toi, il m'a raconté une partie de ton histoire. Il m'a dit qu'un guerrier de la tribu picte avait un jour tué ta première compagne... et que depuis tu les … nous détestais.

Elle s'arrêta pour reprendre son souffle, rassurée de voir que son compagnon l'écoutait attentivement.

- Au début, je ne l'ai pas cru mais je dois avouer qu'il a dit des choses sensées.

Notamment qu'Elros n'avait aucune de s'intéresser à elle. Ce quoi, elle en était convaincue.

Puis, il y a deux jours, il y a eu une attaque sur notre village. Et à côté d'une maison consumée, il y avait des écailles dorées. Troublant n'est-ce pas ?

A présent, la colère animait elle aussi sa voix. Elle ne supportait pas qu'on s'attaque aux siens.

Elros ne s'était pas arrêté lorsque son interlocutrice l'avait attrapé par le bras. Il ne voulait plus l'entendre l'accuser de quoi que ce soit, et il n'avait aucune intention de s'excuser pour avoir été trop dur envers elle. Au moment où elle s'était postée devant lui toutefois, il s'était immobilisé, les sourcils froncés. Izilhwën semblait anxieuse, et pourtant, elle s'était presque collée à lui, avant d'effleurer les écailles qui recouvraient sa peau.

Izilhwën : Elros stop ! Arrêtes toi et laisse moi m'expliquer … Je t'en supplie.

Ah elle voulait s'expliquer maintenant ?! Il aurait été intelligent d'envisager cette option avant de commencer à le traiter de menteur ! Conscient qu'il ne devait pas perdre son sang-froid cependant, au risque de rameuter tout Camelot, il avait consenti à l'écouter...

Izilhwën : Il y cet autre dragon qui est lié à la tribu... Je ne suis pas aussi proche de lui que toi mais je discute avec lui parfois... Il y a quelques semaines, quand il a su que j'étais proche de toi, il m'a raconté une partie de ton histoire. Il m'a dit qu'un guerrier de la tribu picte avait un jour tué ta première compagne... et que depuis tu les … nous détestais.

S'il avait été sous sa forme originelle, un grondement sourd se serait échappé de sa poitrine. Ce dragon ne pouvait être qu'Azrael...

Izilhwën : Au début, je ne l'ai pas cru mais je dois avouer qu'il a dit des choses sensées. Puis, il y a deux jours, il y a eu une attaque sur notre village. Et à côté d'une maison consumée, il y avait des écailles dorées. Troublant n'est-ce pas ?

Il avait fallu quelques minutes à Elros pour digérer tout ce qu'il venait d'entendre, et pour retrouver un aspect à peu près humain. Ses yeux, qui scintillaient toujours, avaient fini par se lever vers ceux de la jeune femme, à qui il s'était adressé à mi-voix :

- Je comprend mieux à présent. Ce dragon, qui prétend être votre ami, supporte très mal que je me sois installé sur ce qu'il considère comme son territoire, aussi, il a juré de m'en déloger, et ce par tous les moyens. Je n'ai jamais eu de compagne, et je n'ai absolument rien contre les tiens.

Il s'était interrompu, avant de terminer :

- J'ignore qui a attaqué ton village, mais ce n'était pas moi.

D'ailleurs, ses écailles n'étaient pas dorées, mais argentées...

Les paroles d'Izzi bien que terriblement peu pacifiques, eurent le don de calmer le dragon qui redevint peu à peu humain. Ses écailles disparurent aussi vite qu'elles étaient apparues et ses yeux retrouvèrent un teinte assez normale si on omettait le fait qu'ils brillaient. Puis un nouveau silence s'installa, laissant l'occasion à la jeune picte de se calmer. Car s'ils étaient tout deux énervés, c'était en grande partie à cause d'elle et de sa façon grotesque d'agir lorsqu'elle était offensée. Mais maintenant qu'elle s'était expliquée, elle se sentait libérée d'un poids.
Puis Elros inspira un grand coup et lui répondit, en la regardant dans les yeux. Izzi apprécia ce dernier point car elle se plaisait à penser qu'elle pouvait déceler le mensonge dans les yeux de son interlocuteur. Et dans ceux d'Elros, elle ne décelait que de la sincérité.

- Je comprend mieux à présent. Ce dragon, qui prétend être votre ami, supporte très mal que je me sois installé sur ce qu'il considère comme son territoire, aussi, il a juré de m'en déloger, et ce par tous les moyens. Je n'ai jamais eu de compagne, et je n'ai absolument rien contre les tiens.

C'était donc la parole d'Elros contre celle de d' Azrael. Et en toute honnêteté, son cœur lui soufflait de le croire lui, son ami, son réconfort en ses temps si douteux, Elros. Mais elle était encore indécise car elle avait plus l'habitude d'écouter sa raison.

- J'ignore qui a attaqué ton village, mais ce n'était pas moi.

C'était un démenti posé mais ferme. Toutefois dénué de preuves. Cependant, elle ne pouvait raisonnablement pas lui en demander. Et puis, elle avait constaté avec stupeur que pendant la presque transformation d'Elros, ses écailles n'étaient pas dorées mais argentées. Elle avait commis un amalgame très gênant au vu de la situation. Sa confusion atteignit des sommets. Elle avait vraiment une façon déplorable de traiter ses amis. Elle inspira à son tour et tenta de sauver la situation, si cela était encore possible.

- Je suis tellement confuse que je ne sais même plus quoi dire... Je n'aurais pas dû te prendre de haut et t'accuser injustement... Je suis désolée si cela veut dire quelque chose pour toi...

Elle s'arrêta quelques instant. Son comportement l'énervait elle même. Elle devait sans doute baisser irrémédiablement dans l'estime du dragon. Elle s'exhorta au courage et continua avec un peu plus de force dans la voix :

Pour ma défense, je dirai qu'au vu des circonstances, Azrael n'a pas eu trop de mal à semer le doute en moi... Les pictes ont tant d'ennemis ! Jure moi juste une fois que tu n'es pas l'un d'eux et je t'accorderai ma confiance. Je ne ferai plus jamais mention d'un tel sujet.

Et ensuite, avec un peu de chance, elle pourrait recoller les morceaux de leur belle amitié un par un.